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9 juin 2016

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - suite 22

Part. 22
DE LA CHAPELLE A L'EGLISE

CREATION DE LA CHAPELLE

Le village de CASTELBOUC fut gratifié en 1382, d'une chapelle rentée, berceau de l'église contemporaine.
Cette chapelle dédiée à Saint Jean Baptiste, fut construite en vertu du testament de noble Guillabert de Montjezieu reçu le 6 Mai de ladite année par Messire Jacques, Notaire de Saint Julien de Gourg (près de FLORAC).
 FONCTIONNEMENT EN VERTU DE CE TESTAMENT
Ce testament donnait aux prieurs de Sainte Enimie le droit de collation du chapelain, réservant aux seigneurs de Montjézieu le droit de patronage et celui de présenter le chapelain.
Le testateur, après avoir ordonné la construction de la chapelle, désigne la pension du chapelain qui doit prier pour son âme et celle de ses parents : il donne dix setiers de blé (cinq de froment, quatre d'avoine et un de seigle), quatre setiers de vin pur des vignes cultivées à CASTELBOUC.
Un étage de maison lui était, en outre, assigné pour son habitation. On lui laissait aussi la jouissance d'un jardin et la famille du fondateur devait payer au chapelain sept florins pour les frais du luminaire de la chapelle : cela annuellement.
Avant la Révolution, le service divin était fait tous les dimanches de l'hiver, dans la chapelle de CASTELBOUC.
"Durant la belle saison, on y faisait régulièrement le catéchisme aux enfants de la localité". (1)
 Avec le Concordat, le 15 Juillet 1801, les prêtres furent payés par l'Etat. A CASTELBOUC, le village continua à assurer la survie du curé (un salaire était fourni par les habitants). En effet, à partir du Concordat, la chapelle n'eut plus de titulaire résidant.


MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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 (1) notes biographiques sur le clergé desservant les paroisses comprises dans les trois anciens archiprêtrés de BARJAC, JAVOLS et SAUGUES (1910) Abbé Achille Foulquier

9 févr. 2016

MEMOIRES DE CASTELBOUC - suite 25 ©

Part. 25
 TEMOIGNAGES 
ci-dessus : soeur d'Anna et son mari



Madame Anna Bouty (née en 1904) raconte comment, enfant, elle a entendu ses parents et ses voisins, habitants de CASTELBOUC, parler de la Sorcellerie et quelles formes prenait celle-ci avant la première guerre mondiale.
La discussion que j'ai eue avec cette dame est rapportée ici sous sa forme brute, ceci afin de garder tout le "naturel" de notre conversation. Pour plus de cohérence dans le récit, j'ai dû conserver des détails qui paraissent ne pas avoir de rapport très précis avec le sujet ; mais ils n'en demeurent pas moins intéressants pour cette étude.
QUESTION - Pouvez-vous me parler de la sorcellerie ? Je crois que vous vous souvenez de certains faits s'étant déroulés durant votre enfance.
REPONSE - La sorcellerie, ce n'était pas beau ! Je me souviens surtout d'une histoire concernant une certaine Agathe, ou plus exactement sa fille Germaine.
Q - Cela se passait en quelle année ?
R - Je ne me souviens pas très bien. Mais c'était avant la guerre de 14-18 ; je crois que j'avais une dizaine d'années lorsque ma mère me le racontait. Cela devait s'être passé vers les années 1890...
Voici l'histoire de Germaine : Germaine était une enfant unique. Ses parents possédaient une petite propriété à Chaldas. Mais la famille habitait Castelbouc.
Or dans le village vivait un certain M.... Ce personnage avait passé une partie de sa vie dans le Midi de la France. Il était revenu au village et depuis son retour, Germaine le suivait partout, sans arrêt ! Elle n'acceptait de manger qu'en sa présence. Quelquefois, elle s'est même sauvée la nuit. 
Ses parents étaient très inquiets. 
Les gens de Castelbouc et des environs prétendaient avec force que Germaine était ensorcelée par cet être que personne n'estimait On aurait dit que cette pauvre fille était folle ! 
Q - Ne s'agissait-t-il pas simplement d'une amitié née entre les deux jeunes gens ? 
R - Non ! Les gens étaient persuadés que la fille était ensorcelée par cet homme. D'ailleurs il n'était pas bien vu dans le pays
Q - Et par la suite, que s'est-il passé ?
R - Ses parents ont emmené Germaine à la Vierge de Mende pour la faire "désensorceler". L'Evêque était là ainsi que mon père (1) qui était adjoint.
Pour le village c'était une affaire très grave ; cela avait amené un grand remue-ménage à CASTELBOUC !!!.
Ensuite, elle n'a jamais été comme avant. Elle ne s'occupait plus. On aurait dit qu'elle ne vivait plus. Par la suite, ses parents l'ont mariée à une personne de BLAJOUX.
Après la disparition de l'ensorceleur, elle a été malade et a dû s'aliter ; cela jusqu'à sa mort, un an plus tard. 

Entre temps, elle avait beaucoup grossi. Elle est morte très jeune.
Q - Cet "ensorceleur" avait-il cette seule "victime" ? 
R - Oui, c'est la seule personne sur laquelle ses "pouvoirs" avaient réussi. Ma mère disait qu'il avait essayé ur d'autres mais que cela n'avait pas "marché". 
Quoi qu'il en soit, celle-ci en est morte ; ses parents étaient désespérés. (Après sa mort, ils fabriquèrent de l'huile de noix, au moulin à huile qui se trouvait au pied du rocher du château. Il ne faut pas confondre avec le moulin à blé qui, lui, était situé à l'entrée, près de la source).
moulin à blé
Q - Etait-ce le seul sorcier ?
R - Oui, mais il y avait d'autres faits surnaturels.
Q - Lesquels ?
R - Je me souviens d'une dame, et même de plusieurs, qui racontaient qu'elles voyaient de grandes lumières qui montaient d'un ravin et qui illuminaient tout le bois. 
Personne ne savait d'où cela provenait.  
Il y avait aussi un autre phénomène : on voyait de nombreuses lumières qui sortaient d'un aven et qui tournaient autour.
Les gens du village prétendaient que c'étaient des âmes qui venaient demander des messes.. Cela les effrayait. Or beaucoup de gens jetaient des animaux morts dans cet aven ; pour ma part, je crois que tout provenait de gaz se dégageant des charognes sous l' effet de la chaleur et qui provoquaient des étincelles ... Mais ceci est "mon" explication et je ne sais pas si c'est la bonne. D'ailleurs, je n'ai jamais dit que je n'y croyais pas car on m'aurait prises pour une folle, surtout si j'avais essayé d'expliquer le phénomène !!!
Q - Le curé du village, qu'en pensait-il ? En parliez-vous avec lui ? 
R - Le curé n'en parlait pas De toutes façons, nous ne parlions pas beaucoup avec le curé. Nous allions simplement à la messe, nous payions le culte et donnions des messes : c'était là les seules occasions de parler au Curé, en fait peu souvent. Nous en parlions entre nous au cours des nombreuses veillées que nous faisions. (2)


MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) mon arrière grand père (note du rédacteur)
(2) propos recueillis début années 70

25 nov. 2015

CHRONIQUES DU MOULIN DE CASTELBOUC 1507-1920 ©

Voici, ci-après - et à travers le livre © que Claude-Jean DUFOUR nous propose -, un nouveau témoignage sur CASTELBOUC.

" A l'heure actuelle où l'Histoire est enseignée par thèmes généralistes mondialisés occultant la part de l'humain, ces quelques chroniques réveillent une mémoire locale d'un hameau des Gorges du Tarn, sur quatre siècles. 

Cet ouvrage résume ce que les notaires du temps jadis révèlent de plus marquant autour de CASTELBOUC et ses meuniers.

Au-delà de l'intérêt local, au-delà de la toute petite histoire de ce microcosme, ce sont des instantanés de la société d'antan qui sont rassemblés. Mariage, testament, succession, bail, arrentement, impôts, justice, hospices, armée ... de quoi entrer de pplain-pied dans le maillage de l'ancien monde rural des Gorges du Tarn.

De nombreuses photos et cartes postales anciennes illustrent le propos. On y trouve aussi un formulaire molinologique mathématique."

Conditions d'expédition et prix à l'adresse suivante :
Claude-Jean DUFOUR 
Jean239@yahoo.fr

25 août 2015

MAISONS PAYSANNES DE FRANCE - RENCONTRE DU 23 AOUT 2015

Il pleut !!. Jean-Claude ainsi que les autres "intervenants" attendent  le groupe de participants représentant l'Association MAISONS PAYSANNES DE FRANCE.
"Cette Association a pour mission la sauvegarde du patrimoine :
- en favorisant l'entretien et la restauration du bâti traditionnel
- en respectant son identité et ses qualités environnementales irremplaçables,
- en protégeant les paysages,
- en encourageant une architecture contemporaine de qualité en harmonie avec son environnement"
Nous étions impatients de leur faire découvrir notre village. Et comme les gaulois, nous n'avions pas peur que le ciel nous tombe sur la tête. Malgré la pluie, je pense que tous, nous avons partagé une agréable journée.
La voici retracée à travers les photos prises par Jean-Bernard.
Souvenez-vous, vous qui étiez là :
  •  nous nous sommes regroupés sur les marches de l'Eglise puis avons visité le village en nous attardant sur l'histoire de la Chapelle, du Château, de l'Eglise. Nous avons même fait une petite incursion dans le petit cimetière et avons évoqué la vie des habitants lorsqu'ils vivaient encore là.


La visite s'est prolongée par une collation, à l'abri, dans l'école. Certains en ont même profité pour retourner sur ses bancs !!

4 déc. 2014

MEMOIRES DE CASTELBOUC - Suite 26

Part. 26
 TEMOIGNAGES
(suite)

Monsieur Marcel FIRMIN, dont la grand mère habitait CASTELBOUC confirme les dires de Madame BOUTY et ajoute combien lui, enfant, était effrayé par toutes ces croyances.
Il raconte qu'étant enfant (6 ou 7 ans), dans les années 1916, il allait très souvent chez sa grand mère à CASTELBOUC avec son frère.
"j'aimais beaucoup jouer dans les vieilles maisons ou du moins les maisons abandonnées 
"Je me souviens qu'un jour, j'étais allé jouer dans l'une d'elles et, à ma grande joie, je découvris qu'il restait tout le mobilier, intact ; chaque chose était à sa place. 
"Je revins tout fier chez ma grand mère avec, à la main, des couverts que j'avais pris dans la maison.
"Je racontais d'où je venais et aussitôt, ma grand mère se mit à crier, comme effrayée par ce que je venais de dire.
"Elle me commanda d'aller, sur le champ, remettre les objets en place, en disant qu'ils venaient de la maison de l'ensorceleur, mort depuis peu et qu'ils risquaient de contenir encore de mauvais sorts !!
"J'eus très peur, comme par la suite, lorsque j'entendis raconter d'autres histoires".
Là mon interlocuteur se souvient du temps où, lorsque l'on voyait un feu allumé de l'autre côté de la rivière, les vieilles gens prétendaient que c'était des revenants : ou lorsque l'on entendait du bruit, il s'agissait d'âmes !!!

Quant à la  légende, personne ne l'a jamais entendue précisément si ce n'est lors d'un spectacle sons et lumières.
Peut-être a-t-elle été racontée à la veillée, ici et là ? Quoi qu'il en soit, elle ne présente aucun rapport avec la réalité, si ce n'est sa place dans le temps ...
Mais après l'avoir lue, il est impossible de la voir dissociée du site qu'elle représente.
N'est-ce pas ?



MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(2) propos recueillis début années 70

1 nov. 2014

MEMOIRES DE CASTELBOUC - suite 24

Part. 24
 UNE LEGENDE... DES SORCIERS... SUPERSTITION ! ?
"La piété est différente de la superstition.
Soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire. 
Impiété de ne pas croire l'Eucharistie, sur ce qu'on ne la voit pas. 
Superstition de croire des propositions".
Blaise Pascal "Les pensées" 

FOI ET SUPERSTITION
(XVIème - XVIIIème siècles)
Le culte des saints se mêle couramment de pratiques superstitieuses ; de plus la croyance dans la toute puissance des sorciers et des sorcières, voisins et voisines doués du mauvais oeil, aimant chevaucher les balais et parcourir les clairières pendant la nuit, tient une place énorme :
Le Diable est au moins aussi présent que le Bon Dieu.
Nombreuses aussi, sont les pratiques médicales avec des formules étonnantes et d'innombrables dictons, comme "attacher un clou d'un crucifix au bras d'un épileptique et il sera guéri".
Elles n'ont cessé de courir les campagnes jusqu'au XIXème siècle, voire au XXème siècle.
Ce vieux fond de croyances héritées encadre et explique la sorcellerie : passage facile, s'il est vrai qu'il suffit de saupoudrer l'épaule de sa voisine d'un peu de cendre de crapaud pour la rendre amoureuse.
La sorcière qui revient du sabbat, le sac chargé de maléfices à faire mourir tout le village n'est jamais dotée que d'une puissance où la relation de cause à effet prend des aspects étonnants. Aussi bien la croyance aux Sorciers semble-t-elle universelle ; et la persécution qui a duré des siècles (XIVème - XVIIème) en a favorisé l'expansion. 
Peut-on conclure que la pratique religieuse est surtout une défense contre ce Démon envahissant, qui trouve dans les villages tant d'auxiliaires de bonne volonté ? (1)
MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) Histoire de la civilisation Française (Moyen Age - XVIème siècle - Georges Duby et Robert Mandrou

17 oct. 2014

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 23

Part. 23
 L'EGLISE

Notre Dame de Quézac Castelbouc
Ste Enimie de Castelbouc
1844 : Les habitants achetèrent une maison du village, la transformèrent et en firent leur église.
3 Mai 1846 : elle fut érigée en succursale par ordonnance royale. (Louis Philippe)
22 Juillet 1846 : elle fut déclarée église paroissiale par ordonnance épiscopale (par Monseigneur Claude Jean Joseph Brulley de la Brunière).
29 Juillet 1846 : bénédiction de l'église.
10 Mai 1855 : Monsieur Tourrette, architecte diocésain de Mende établit les plans complets.


1865 : Monsieur BOUDON, ancien curé de CASTELBOUC, acheta une maison située entre l'église et la cure et en fit don aux habitants du village à condition qu'elle soit affectée à l'agrandissement du presbytère.
1873 : l'église fut prolongée par l'achat d'une maison attenante, payée avec les fonds de la fabrique.
Des réparations et transformations se firent au moyen d'une souscription  en argent et en nature. L'Etat, le département et la commune n'ont nullement participé aux dépenses.


Une rente de 90 centimes en 1910 devait être payée par l'un des paroissiens chaque année à l'église de Castelbouc. L'auteur de cette rente est Michel du Bedos en 1828 (1)
Une parenthèse pour signaler qu'il existe encore la cloche de l'ancienne chapelle. Elle date de plus de trois cents ans. Pendant la révolution elle fut cachée dans la terre.
L'aspect religieux précédemment évoqué, s'est doublé à travers les âges et plus précisément lors de ce conditionnement spirituel, d'un phénomène très grave sinon plus important que l'aspect religieux lui même : la superstition ! ... ou plutôt, la croyance en la sorcellerie ..


"La piété est différente de la superstition.
Soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire. 
Impiété de ne pas croire l'Eucharistie, sur ce qu'on ne la voit pas. 
Superstition de croire des propositions".
Blaise Pascal "Les pensées" 
 Peut-être tout cela provient-il de la fameuse légende si souvent racontée et maintes fois redite le soir à la veillée ; le feu de bois dans la cheminée faisant danser sur les murs des ombres magiques !!
Certes, voilà des propos qui vont faire sourire, mais n'est-il pourtant pas intéressant d'examiner quelques témoignages recueillis ça et là auprès d'ancêtres témoins d'un passé tout juste révolu ? Qui sait ? ... peut-être ont-ils fréquentés des sorcières, ou connaissent-ils les secrets de la magie noire ....

MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) notes sur l'église paroissiale de Castelbouc - Abbé Moisset 1910

15 janv. 2014

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - suite 21

Part. 21
LA VIE RELIGIEUSE
LE CONTEXTE

LES GUERRES DE RELIGION 1560 - 1598

Pendant près de quarante ans, les Français ont vécu la guerre civile la plus atroce la guerre fratricide ; guerre implacable cependant, où pour un temps de la violence fanatique l'emporte sur ce désir de paix qui anime l'esprit des Français, à l'ordinaire ; expérience amère que cette passion religieuse qui a rudement ébranlé l'autorité royale !
De François II à Henri IV, se sont déroulées huit guerres de religion, séparées par des pauses.
Vérité religieuse mêlée de politique : pour les catholiques qui défendent l'unité politique du royaume certes, mais veulent aussi protéger cette union étroite de l'Eglise catholique et de la monarchie. Cependant les protestants pour espérer gagner la France entière : eux, qui ne peuvent accorder une foi particulière au miracle royal, ont au plus nourri l'idée d'imposer à la France un roi protestant.
Ce combat s'achève en 1598 avec la difficile victoire catholique qu'est l'Edit de Nantes. Les protestants gagnent leur droit d'existence dan le royaume ; le roi leur fournit des forteresses, des armes et chaque année, une armé est chargée contre un retour de flamme catholique. Le prix du traité est bien lourd pour le roi !!  (1)
 Comment se traduisent ces différents faits dans la vie de CASTELBOUC ?


C'est ce que nous essaierons de distinguer dans le chapitre qui suit.

MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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 (1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Âge 16ème siècle) Georges Duby et Robert Mandrou

10 sept. 2013

LEGENDE DE CASTELBOUC - VERSION COMPLETE -

Comme je l'ai précisé dans le précédent article, ,  la légende a fait partie de l'exposition réalisée par les Castelbounels.
Pour la petite histoire, elle a été volée assez rapidement ! (tout - et tout le monde - n'est malheureusement pas parfait)
 Aussi, avant de continuer la publication des photos, voici  le texte de la version complète : il mérite qu'on s'y arrête un moment car c'est une vraie tranche de vie qui est contée là !.
Bonne ballade dans le passé.


LA LEGENDE



" Alors tous s'en allaient : rois, évêques, barons
Gueux des communes, serfs de la glèbe, larrons
Malandrins, tous, la Croix Blanche entre les épaules Pêle-mêle...
C’était sur le pays des Gaules un flot humain qui passe,
Impétueux, grondant, immense, remplissant les vallons,
Inondant les plaines, submergeant les monts noirs de son ombre.

Ces foules précédaient d’autres foules sans nombre
Dont les bruits effaceraient les aigles dans les aires.
Derrière elles, châteaux et bourg restaient déserts
Monastères, cités devenaient solitudes.
Les hommes, ébahis devant ces multitudes
Tout à coup soulevés par le souffle de Dieu,
Les suivaient et partaient, sans un regard d’adieu
Pour le champ, la maison, les vieux, la femme enceinte.

« Dieu le veult » et chacun courait en Terre Sainte.
Car c’était en l’an mil nonante six, je crois,
D’Aiguillette à Capluc, tout seigneur prit la croix
Dolan et Montesquieu, Monbrun et Charbonnières
Entraînaient leurs vassaux rangés sous les bannières
Et dans la gorge étroite où le Tarn rampe au pied
Des monts, il ne resta qu’un homme estropié
Un soir d’automne, on vit ces bandes dévaler
S’enfoncer dans la brume épaisse des vallées,
Vers le Rouergue, et tout devint silencieux.

SEUL du haut de sa tour qu'un grand roc dresse aux cieux
Surplombant au-dessus d'une bourgade agreste
Quand la troupe passa Raymond cria "JE RESTE,
Je reste pour garder vos femmes, vos enfants.
Allez et puissiez vous revenir triomphant
Moi le haubert m'étouffe et le casque m’assomme...
Adieu » Puis il se mit au lit et fit un somme.
C’était un banneret de mœurs douces, ayant
L’esprit simple et trouvant le repos fort seyant.
Hors de son campement il n’eut point fait deux lieues.
Il ne voulait rien voir sinon les nappes bleues
De sa rivière, où l’ombre est si fraîche en été ;
Les coteaux où la vigne étale sa gaité,
Et les rochers altiers dentelant sa falaise.
Il ne désirait rien, sinon de boire à l’aise,
Devant l’âtre en hiver ; sous la treille au printemps,
Et son gobelet d’étain, depuis vingt ans,
Il se regardait vivre avec béatitude
Être assis lui semblait la meilleure attitude :
Il resta donc assis et but comme devant.
Oh, dans les sombres nuits d’hiver,
Lorsque le vent secouait les meneaux de la fenêtre,
Comme il apprécia mieux encor son bien être
Et savoura, dans la rigueur de la saison,
La paix et la douceur tiède de la maison.
Mais l’avril arriva, suave, un avril rose :
Les coteaux bruns, les près jaunis, le val morose
S’égayèrent : le ciel bleuit, le soleil rit
Et l’aubépine au creux des ravines fleurit.
Et le sire, parmi ces ivresses de vie,
Lui en sentit éclore une autre âme ravie
Et généreuse, un jour ou le matin vermeil
Aveuglait ses yeux lourds encore de sommeil.
Où des souffles erraient plus doux qu’une caresse.

Alors il se dresse, secouant sa paresse,
Comme un ressuscité rejette son linceul,
Une honte le prit d'être inutile, seul
En son castel ainsi qu'un ours en sa tanière
Et le cœur débordant de sève printanière
Il descendit au bourg tapi sous le rocher.

Or les femmes voyant leur seigneur approcher
L'entourèrent disant "Ah ! Que tristes nous sommes
Filles sans nos galants, épouses sans nos hommes
Venez-vous apporter remède à nos ennuis »
« Vous plait-il de nous prendre en pitié, gentil sire »
Que mornes sont les jours, que longue sont les nuits !"

Le cœur du banneret mollit comme une cire...
Sans doute qu’un regard aussi l’ensorcela
Ce qui suit ne se peut expliquer sans cela
« Oui, dit-il, de vos maux je connais le remède
Je vous consolerai toutes si le ciel m'aide,
Venez me confier vos peines » Une vint
Bientôt il ne resta plus dame ou damoiselle
Dans le bourg qui n’eut mis à l’épreuve son zèle

Aucune n’entendit cet homme dire : « Non »
En moins d’une semaine il acquit un renom
Tel que l’on accourut de tout le voisinage
Et le Castel passa lieu de pèlerinage
Où notre banneret tint la place du saint.

Toutes volaient à lui, comme un ardent essaim
Vole pour la piller à la grappe vermeille,
Il était cette fleur dont la femme est l’abeille,
Et jamais d’une fleur les pistils satinés
Ne furent par autant d’abeilles butinés.

Contre un essaim c’est peu qu’une corolle seule.
Ainsi put en juger Raymond qui, las et veule,
Pour avoir compati trop aux maux de ses gens,
Moins dispos désormais, les trouvait exigeants :
Volontiers à plus d’une il eût demandé grâce ;
Il n’osait point : c’était déshonorer sa race,
Mentir au bon renom de dix preux, ses anciens.
« Un contre tous » était la devise des siens
Et, fidèle, il resta lui seul contre elles toutes.
Une vieille lui dit : "Cela finira mal
A l'user de la sorte on crève l'animal ! "
« Messire, à sa vigueur mesurait les épreuves.
Je vois comme un troupeau de fauves, trop de veuves
À vos trousses : il n’est de si beaux appétits
Que ceux de veuves à qui les morceaux sont partis.
Croyez m’en ; votre hôtesse est pleine de malice,
La lèvre est fort gourmande et ne lâche un calice
Qu’après l’avoir vidé. Craignez pareil destin »

« O Vieille, fit Raymond, à peine le festin
Commence et tu voudrais que je lève la table ?
Le mets qu’un jeûne a fait trouver plus délectable
Des convives à peine a réjoui la faim,
Et tu voudrais qu’alors je dise : « c’est la fin »
Bonne femme, tu n’en parles que par envie
Va, la table est pourvue et restera servie,
Toi, demeure à l’écart et jeûne s’il te plait »

Ainsi qu’il l’annonçait, le régal fut complet.
Mais la meilleure chose est de peu de durée
Et ce régal trop court ne fut qu'une curée
Où la femme croqua jusqu'au dernier lambeau.
Pauvre Raymond ! Un soir hélas, comme un flambeau
Qui jette en expirant une plus vive flamme,
Dans un effort suprême et doux, il rendit l'âme.

Un trépas si soudain excluant tout remords,
Nul ne lui récita la prière des morts
Son cadavre fut mis en terre sans le prêtre
Et la vieille conta qu’elle avait vu paraître
La nuit suivante, sur le roc où le manoir
S’élève, un étrange animal, velu, noir,
Un grand bouc qui poussant des bêlements infâmes,
Dardait vers la bourgade où reposait les femmes
L’éclat de son regard fixe et concupiscent
Tandis que d’autres voix, vagissant, glapissant,
Ou le rut fait vibrer de rage ou sa tendresse,
Répondaient à l’appel que le bouc leur adresse
Du fond de la vallée à la cime du mont.

Et la vieille ajouta : "C'est l'âme de Raymond"
Vous l’avez reconnu avant que je la nomme,
Car votre maléfice a transformé cet homme
En bête, et vous l’avez bien vite dépêché
Chargé de votre honte et de votre pêché,
Encor tout frémissant de vos fureurs charnelles
Comme un bouc émissaire, aux flammes éternelles.

Ô CASTEL, tu seras CASTELBOUC désormais »

Depuis lors on entend, la nuit, sur ces sommets
Où le donjon crevé porte au front des ramures,
Un bêlement suivi par d'étranges murmures.
Et les veuves, songeant aux veuves de jadis,
Se signent et tout bas disent : "De profundis".

( « Aux Gorges du Tarn » Louis Jourdan - Paris Lemerre 1894 – Archives cote n° 999) 



5 mai 2013

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 20

Part. 20
LA VIE RELIGIEUSE
LE CONTEXTE

LE CURE AUX XVIème - XVIIème SIECLES

Ce bas clergé des campagnes en dépit de son rôle social et politique (lecteur et commentateur plus ou moins avisé des ordonnances royales), ce bas clergé n'apporte pas aux paysans une efficace protection :
parce qu'il n'est pas riche, vivant aussi chichement que ses ouailles, délesté de la dîme par les évêques, n'ayant rien à attendre de ses fidèles, si ce n'est quelques bons repas au château ; parce qu'aussi, le curé ne sort jamais de son village : il ne voit son évêque qu'une fois par an (les intempéries et l'état des chemins ne permettent pas de bons transports).
Enfin, il n'a pas reçu la formation intellectuelle et spirituelle nécessaire :
nanti de quelques mots de latin le bon curé dans sa paroisse rurale est, le plus souvent, un pauvre bougre, crotté, mal soigné, isolé de tout soutien d'état, au coeur de ce village où il prodigue avec bonne volonté quelques rudiments, partageant sentiments et passions de ses fidèles.... (1)


MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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 (1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Âge 16ème siècle) Georges Duby et Robert Mandrou

28 avr. 2013

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 19

Part. 19
LA VIE RELIGIEUSE
LE CONTEXTE

TONALITE NOUVELLE DU SENTIMENT RELIGIEUX
(XIIIème - XVème siècles)


L'église de France avait beaucoup souffert, elle aussi, de la misère des temps.
Après la fin des troubles, le clergé inférieur se trouvait dans une situation plus lamentable que jamais, les revenus des églises accaparés par des curés non résidents, les desservats mal formés, moqués par leurs ouailles et surtout misérables, donc avides et attachés à vendre au meilleur prix sacrements et indulgences.
Religion, par conséquent, plus intime, plus personnelle, familière, dans un univers où la limite entre nature et surnature est estompée et où le saint remplit les fonctions d'intermédiaire, de protecteur, de conjurateur des mauvais sorts (ce que le prêtre n'assume plus qu'imparfaitement).
Ainsi, pour toute prière, l'on s'adresse au saint dont on porte le nom ou au saint patron du village ...
Mais, étendant son manteau sur tous les hommes comme un rempart contre les périls de la terre et la colère de Dieu, la Vierge, médiatrice est l'objet d'une dévotion qui connaît alors un énorme développement. C'est en effet, au XVème siècle, dans les foules accédant à la conscience religieuse, que s'est achevée la lente évolution du Christianisme médiéval, dont Marie est devenue le personnage central : religion pathétique !!...
C'est ainsi que l'on se prépare à la mort, à la "bonne mort" qui est maintenant le point de convergence de toutes les préoccupations religieuses.
En fait, cette religion plus populaire, se fonde désormais sur l'idée du péché et sur la crainte d'un enfer que toute une imagerie importante rend encore plus redoutable.
Ainsi foisonnent beaucoup d'autre croyances : le diable est partout, on le voit, on le sent.
Visionnaires, inspirés, remplissent tout le XVème siècle qui ouvre la grande époque de la sorcellerie et par là-même la magie ... (1)
MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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 (1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Âge 16ème siècle) Georges Duby et Robert Mandrou