MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 15

Part. 15

DEPENDANCE ET SOUMISSION

CHARGES ET REDEVANCES PAYEES PAR LE PAYSAN
(XVIème - XVIIIème siècles)

Dans cette vie appuyée sur elle-même, le petit paysan n'a point de fonds, car de ses récoltes il ne vend pratiquement rien. Non qu'il produise ce qu'il lui faut pour vivre (au XVIème siècle, les moissons sont un peu plus généreuses), mais l'agent du Seigneur et celui de l'Evêque lui prennent une bonne part de cette production.

 Les épis coupés mais non engrangés, passe le décimateur * sur le champ, qui enlève selon les régions une gerbe sur dix ou sept, ou quinze ou vingt ( à CASTELBOUC il en prend une sur dix) ; plus tard, il faut moudre, puis cuire au mouin banal, au four, chaque fois, un droit en nature est versé ; de même pour utiliser le pressoir seigneurial ou pour fouler le chanvre..Il est nécessaire ce souligner que les représentants du Seigneurs sont pus exigeants que ne le serait le maître lui-même.

A quoi s'ajoutent les droits en espèces que l'inflation médiévale, et surtout celle du XVIème siècle, ont quelque peu réduit ; mais, par exemple, le droit de champart est resté droit en nature donc une lourde charge.

Paiement de la dîme - Pieter Brueghel le Jeune 

 En fait, lorsque le paysan a versé sa dîme, lorsqu'il a acquitté divers droits seigneuriaux et prévu ses banalités, lorsque, enfin, il a mis de côté sa semence (à elle seule souvent le quart de la récolte alors que la dîme et les banalités peuvent, l'un dans l'autre constituer 25 à 30 % de cette même récolte) ; il lui reste dans son grenier de quoi nourrir les siens, même si le prix du blé augmente, le paysan n'en profite pas.
Ainsi, il consacre le peu d'argent qu'il reçoit (en vendant quelque chose à la foire annuelle)

à acquitter ses impôts royaux : taille, gabelle ... persuadé que toutes ces charges sont la cause de sa misère ; le paysan est souvent prêt à prendre les armes (cf : la révolte des "croquants" au XVIème et XVIIIème siècles).
Pour avoir une idée plus précise des choses, observons le texte qui suit : il s'agit d'un extrait de reconnaissance (obligatoire bien évidemment) des habitants de CASTELBOUC, le 24 Décembre 1693 à Messire Lévy de Barjac, Seigneur de CASTELBOUC.

 * Le décimateur était, sous l'Ancien Régime, celui (individu ou communauté) qui avait le droit de lever la dîme (impôt en nature prélevé par l'Église sur les productions agricoles).

MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Age 16ème siècle) Georges Dubi et Robert Mandrou