Part. 14
DEPENDANCE ET SOUMISSION
LE MILIEU PAYSAN DE LA FIN DU XVème AU DEBUT DU XIIème SIECLE
Pendant plus de deux siècles, de la fin du XVème jusque vers 1740, les campagnes françaises présentent un visage sans modification profonde, pour ainsi dire inchangé.
L'héritage rural du Moyen Age se maintient et pèse, presque immuable : il survit dans l'organisation sociale, telle que la représente la communauté de village, plus ou moins groupée autour de son clocher, administrée, ou pour le moins, dominée par le Seigneur, le Curé et, accessoirement l'argent royal.Ce système se perpétue dans l'organisation économique : les paysans nourrissent sans doute les villes proches et, dans une faible mesure, animent le grand commerce, par l'intermédiaire des rentiers du sol, nobles et évêques, bourgeois aussi qui ont acquis des terres dès les XIIIème - XVème siècles. Le village vit replié sur lui-même.Certes, il est ouvert au monde extérieur, au-delà de ses landes et forêts, grâce au curé qui lit chaque dimanche les ordonnances royales.
Le monde rural mène ainsi sa vie éloignée dans l'espace réel et l'époque.Ce qui ne signifie pas que la vie rurale soit paisible.
Le premier souci est d'assurer la subsistance et les besoins de chaque communauté, où la base de toute alimentation, de toute vie, est le pain.
four à pain de CASTELBOUC
Le petit paysan fixé à un sol dont il se sent propriétaire, attaché à ses pratiques communautaires qui fondent la solidarité campagnarde, mais de surcroît accablé par des charges de toutes sortes, ce paysan n'a qu'une ambition : produire ce dont il a besoin : du blé d'abord, de l'orge et de l'avoine ensuite, un peu de vin.
Ne dépendre que de soi ou de quelques voisins proches, charrons, tisserands à qui les services demandés sont bientôt rendus, c'est là une règle de vie restée valable jusqu'au milieu du XIXème siècle.
La terre de chaque paysan est intégrée à un terroir commun, où les cultures sont les mêmes d'année en année : le paysan ne dispose donc pas de ses propres parcelles à sa guise, comme du bois mort ou des myrtilles de la forêt, mais seulement en accord avec le reste du village, de la paroisse.
L'exiguïté des domaines nécessite l'entraide : les moissons faites à la faucille, les labours à l'araire et les vendanges ... tous ces travaux sont exécutés en commun pendant des saisons de vie collective, où tous les participants s'entraident de mois en mois. La communauté de paroisse possède ainsi sa réalité profonde qui explique assez la lenteur avec laquelle techniques et cultures nouvelles se sont répandues dans nos campagnes.
Il en fut de même pour les instruments de culture, les outils (par exemple, l'araire est resté presque le même de l'antiquité au XVIIIème siècle).
araire
Le paysan cultive toujours selon les mêmes méthodes e avec les mêmes instruments de bois (le fer est trop cher) : il s'agit des herses, des jougs, des fléaux, des brouettes et des chars aux roues non jantées.Ainsi, combien sont faibles les rendements !!. Quelle lenteur de la moisson à la faucille, javelle après javelle, et quelle dépense d'énergie physique !!
Dans beaucoup de régions montagneuses, les sols sont laissés en jachère durant des années, envahis peu à peu par les taillis : tout cela coupé, puis brûlé, enrichit le sol (pour quelques saisons) ; il s'agit là de l'écobuage, le seul moyen ou presque de fertiliser la terre.
En effet, l'engrais de ferme est très peu important à cause du peu de bétail que le paysan arrive à peine à nourrir. Les fourrages, en effet, ne sont pas très abondants ! peu de prairies sont fauchées. L'élevage ne constitue pas un complément de la culture céréalière : peu de prés et ainsi, peu de blé (1)
MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN
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(1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Age 16ème siècle) Georges Dubi et Robert Mandrou
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