2 déc. 2012

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 6

Part. 6

LE SIRE (suite)
Cette situation que l'on trouve dès le XIème siècle ne connait pas une importante évolution au cours des siècles qui vont suivre.
Notons qu'entre le XVème et le XVIIIème siècle l'on retrouve encore celui qui est appelé "le châtelain". Il est toujours le maître des terres et des hommes, protecteur attitré du village : les droits qui lui sont toujours payés en sont le signe. 
S'il a été remplacé récemment par un de ces bourgeois enrichis du XIVème ou XVème siècle, qui aimaient placer leurs fonds en terres, les droits sont toujours perçus ; la protection devrait donc subsister à l'ombre du château, du colombier, autres signes extérieurs de cette dépendance.
Puis, voisin du châtelain, le curé, autre protecteur au spirituel, comme le hobereau l'est au temporel, assurant à chacun le viatique religieux de sa vie terrestre, et le passage dans l'au-delà. Mais, si le prêtre et le châtelain sont toujours là, si le curé peut encore chaque dimanche rassembler dans l'église tous ses paroissiens, si l'hôte du château peut, moins souvent, lorsqu'il naît un garçon ou lorsqu'il marie sa fille, convier ses paysans à mettre en perce un demi-muid dans la cour du château, la réalité sociale quotidienne n'est plus celle du Moyen-âge commençant ...
En fait, le peuple est plus opprimé que protégé : c'est le drame qui conduira à 1789 ; si autrefois le noble assurait la défense du terroir, il n'en est plus de même : les redevances normales il y a quelques siècles, manifestent aujourd'hui, lourdement, la supériorité sociale et presque raciale (le "sans bleu" du noble).
La protection seigneuriale du passé a ainsi disparu !!Restent donc les charges et les vexations, plus fréquentes que les bons moments, les obligations de toutes sorges (jusqu'aux corvées encore exigées), contre lesquelles le pouvoir royal n'a pas réagi très vigoureusement : en effet, la monarchie arognée sur le droit féodal ou sur les privilèges nobiliaires, mais au profit des habitants des villes surtout ; en fait, pour les paysans, la main royale est celle des gabeleurs ou d'autres collecteurs de droits royaux.
Comme l'écrit Mr Mousnier, le Seigneur n'est plus le "protecteur naturel"...
En fait, pourquoi cette mort de la seigneurie ? Sans doute à cause du divorce entre le village et la maison noble, maintenant située à l'écart près de la forêt, avec son colombier et ses privilèges de chasse.
Ainsi est morte la liaison humaine, âme de la seigneurie médiévale entre protecteur et protégés ; entre le patron qui assure la paix et apaise les discordes, et ses dépendants qui, pour prix de leur sécurité, "l'aident", le servent et l'entretiennent.
A la fin du XVIème siècle, les communautés d'habitants ne sont plus maintenues par le pouvoir seigneurial...
Le Royaume appartient sans doute beaucoup plus au Roi !!! (1)

MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) Histoire de la civilisation Française (Moyen Age - XVIème siècle) 
Georges Duby et Robert Mandrou         

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