J'aime le fier mistral et son étreinte sèche,
Quand sa respiration exhale en ses chaleurs
Le souvenir lointain des batailles de pêche
Où les fils s'emmêlaient sous nos rires boudeurs.
Le céleste lampion boucanait ma frimousse
Bien à l'abri, pourtant, sous l'affreux galurin
Que j'ornais finement de branches de jarousse
Auxquelles je tressais des fleurs de romarin.
Nous étions cinq cousins, j'étais la seule fille,
La plus jeune et, mon Dieu ! combien j'en profitais !
Moi le corsaire en chef, général de flottille,
A la moindre cabale aux fers je les mettais !
M'ouvrant dans les ravins des sentes bocagères,
Ils charriaient mon seau, ma canne, mes appas
Et, tapant du bâton pour chasser les vipères,
Elevaient un rempart pour assurer mes pas.
Je n'avais peur de rien menant cet équipage !
Innocente et légère au seuil de mes douze ans,
Le seul événement qui me mettait en rage
C'est lorsque les ronciers me volaient mes rubans.
Et quand nous arrivions au bord de la rivière,
Nous contemplions la berge avec solennité ;
Puis nous prenions d'assaut la barque du Grand-Père,
Que menait le plus grand, imbu de dignité.
" Oh ! combien de marins, combien de capitaines " !
Déclamais-je, debout, sous le regard contrit
Des cousins atterrés par mes calembredaines,
Craignant que les poissons ne s'offusquent du bruit !
Mais contre toute attente, en terme d'halieutique,
C'était moi la meilleure au grand dam des garçons
Qui m'imputaient pouvoirs de sorcière aquatique,
Jurant que j'envoûtais leurs vides hameçons !
Lors, affectant un air de princesse outragée
Je levais le menton, le profil si distant
Que les galants vassaux, me croyant affligée,
Me tendaient leurs goûters d'un geste repentant.
Les bras embarrassés par le gracieux viatique
- Ne pouvant plus longtemps aristocratiser -
Je riais aux éclats d'une joie authentique,
Et je leur rendais tout, augmenté d' un baiser !
Quand le soleil plongeait derrière la montagne,
Nous reprenions, fourbus, le chemin du retour,
Célébrant les splendeurs d'un pays de cocagne
Qui semait dans notre âme un parterre d’amour.
Brandissant nos trophées nous abordions à l'aire
Où le feu crépitait sous les vents étésiens ;
Nous revenait alors comme un instinct grégaire :
En cercle nous dansions, poussant des cris d'indiens !
Puis soufflant sur ses doigts pour saisir la friture,
Chacun se régalait des goujons alléchants ;
Et tandis que la nuit brodait notre aventure,
La lune palpitait au rythme de nos chants.
Ô divins souvenirs parfumant la mémoire
Qui donnez à mes jours son lustre généreux,
Si je conte aujourd'hui votre éternelle gloire
C'est que je rêve encor de ces moments heureux.
Bien à l'abri, pourtant, sous l'affreux galurin
Que j'ornais finement de branches de jarousse
Auxquelles je tressais des fleurs de romarin.
Nous étions cinq cousins, j'étais la seule fille,
La plus jeune et, mon Dieu ! combien j'en profitais !
Moi le corsaire en chef, général de flottille,
A la moindre cabale aux fers je les mettais !
M'ouvrant dans les ravins des sentes bocagères,
Ils charriaient mon seau, ma canne, mes appas
Et, tapant du bâton pour chasser les vipères,
Elevaient un rempart pour assurer mes pas.
Je n'avais peur de rien menant cet équipage !
Innocente et légère au seuil de mes douze ans,
Le seul événement qui me mettait en rage
C'est lorsque les ronciers me volaient mes rubans.
Et quand nous arrivions au bord de la rivière,
Nous contemplions la berge avec solennité ;
Puis nous prenions d'assaut la barque du Grand-Père,
Que menait le plus grand, imbu de dignité.
" Oh ! combien de marins, combien de capitaines " !
Déclamais-je, debout, sous le regard contrit
Des cousins atterrés par mes calembredaines,
Craignant que les poissons ne s'offusquent du bruit !
Mais contre toute attente, en terme d'halieutique,
C'était moi la meilleure au grand dam des garçons
Qui m'imputaient pouvoirs de sorcière aquatique,
Jurant que j'envoûtais leurs vides hameçons !
Lors, affectant un air de princesse outragée
Je levais le menton, le profil si distant
Que les galants vassaux, me croyant affligée,
Me tendaient leurs goûters d'un geste repentant.
Les bras embarrassés par le gracieux viatique
- Ne pouvant plus longtemps aristocratiser -
Je riais aux éclats d'une joie authentique,
Et je leur rendais tout, augmenté d' un baiser !
Quand le soleil plongeait derrière la montagne,
Nous reprenions, fourbus, le chemin du retour,
Célébrant les splendeurs d'un pays de cocagne
Qui semait dans notre âme un parterre d’amour.
Brandissant nos trophées nous abordions à l'aire
Où le feu crépitait sous les vents étésiens ;
Nous revenait alors comme un instinct grégaire :
En cercle nous dansions, poussant des cris d'indiens !
Puis soufflant sur ses doigts pour saisir la friture,
Chacun se régalait des goujons alléchants ;
Et tandis que la nuit brodait notre aventure,
La lune palpitait au rythme de nos chants.
Ô divins souvenirs parfumant la mémoire
Qui donnez à mes jours son lustre généreux,
Si je conte aujourd'hui votre éternelle gloire
C'est que je rêve encor de ces moments heureux.
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